Depuis 1770 et la création de la loge « La Fraternité » sous l'égide de la première Grande Loge de France devenue ensuite Grand Orient de France, ce sont deux siècles et demi de présence maçonnique en Sud-Gironde qui aboutissent aujourd'hui à la loge que nous connaissons « La Tolérance-La Réole » à Langon.
La Tolérance-La Réole établie à Langon en 1980 est issue de La Tolérance constituée à La Réole en 1887 qui elle même avait pris la suite de L'Humanité entre 1843 et 1852. Elle renoue à Langon le fil de la tradition maçonnique interrompu en 1853 par l'arrêt de l’activité de la loge La Fraternité.
A travers l'histoire conjuguée de ces loges, c'est toute l'histoire du Grand Orient de France et celle de notre pays qui se déploie sous nos yeux.
Loge bourgeoise et ecclésiastique comme c'était le cas à l’époque, « La Fraternité » a interrompu ses activités au plus fort de la révolution pour les reprendre sous le 1er Empire en 1810 avec l'apport d’hommes ayant joué un rôle pendant la révolution et/ou connus pour leur bonapartisme. Mais les soubresauts politiques de 1814/ 1815 eurent une nouvelle fois raison de son activité qui ne reprit qu’en 1841 avec une augmentation importante de la présence d'artisans parmi ses membres, pour s'achever en 1853 après qu'elle ait installé « L’Humanité » à La Réole et « Les Amis de l’Humanité » à Bazas (qui ne fonctionna que 3 ans).
Langon cessa alors d'être une ville maçonnique pendant prés de 130 ans.
C'est dans le droit fil du retour de la République que s'inscrit la création de « La Tolérance » à La Réole en 1887 dont l'activité va s'interrompre en 1907 pour un an, puis être suspendue pendant la première guerre mondiale pour reprendre jusqu'en 1940.
Cette loge qui comptera jusqu'à quarante membres, va prendre part et s'engager sur tous les sujets qui ont traversé et parfois déchiré la société de son époque autour de la défense de la République et de la laïcité : affaire des fiches, élections législatives, expulsion des congrégations, luttes anticléricales.
Du fait des persécutions vichystes et nazies, la loge fut contrainte de suspendre ses travaux en 1940 pour les reprendre en 1947. Quatre de ses membres furent déportés fusillés ou torturés à mort payant un lourd tribut à l'idéal de liberté qui les habitait et à leur attachement à la République.
En 1964 privée de son local de La Réole, la loge fut accueillie à Monségur jusqu'en 1980 où elle choisit de revenir à Langon.
C'est ainsi qu'elle s'appelle « La Tolérance-La Réole » joignant harmonieusement à la notion de tolérance chère aux francs-maçons, le nom de sa ville de naissance La Réole dont on sait qu'il vient de « régula » (la règle en latin) et « La Rèula » ou « l'Arrèula » en gascon, un beau symbole s'il en était besoin.
De moins d'une vingtaine de membres après la deuxième guerre mondiale, à une cinquantaine aujourd'hui, ces derniers quarante ans ont été marqués par l'ouverture à la cité, à toutes ses préoccupations, à toutes ses composantes (socio-professionnelles, genres), sans jamais négliger l'indispensable travail sur soi-même qui est une spécificité de la franc-maçonnerie.
Son activité s'y déploie aujourd'hui, discrète et constante et elle y rassemble des francs-maçons originaires de tout le Sud-Gironde, de tous âges, de tous milieux, qui travaillent ensemble en s'efforçant de préparer l'avènement d'une humanité meilleure et plus éclairée.